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La qualité de l'air dans les cabines d'interprétation - Étude

La qualité de l'air dans les cabines d'interprétation - Étude

1. L’interprétation en temps de pandémie

Mars 2020. Les conditions de travail des interprètes de conférence ont changé du jour au lendemain : au lieu de partager une cabine d’interprétation traditionnelle, les interprètes ont dû s’adapter en travaillant dans des cabines individuelles, dans un hub ou depuis leur domicile. Il y a quelques mois, la Commission des interprètes de la CBTI s’est penchée sur la législation relative à la sécurité au travail pour mettre à jour les recommandations qu’elle avait formulées dans le cadre de la pandémie. Nous sommes désormais à l’aube de 2022 et le thème de la qualité de l’air est plus que jamais à l’ordre du jour. Il est donc temps que nous l’approfondissions.


2. Que savons-nous ?

De récentes recherches scientifiques ont démontré que les aérosols constituaient la principale source de contamination par le covid-19. Ces aérosols, pouvant contenir des bactéries et virus, sont libérés non seulement lorsque l’on respire, mais également lorsque l’on parle et/ou fournit des efforts plus importants. Comme nous expirons simultanément du CO2, sa concentration est souvent utilisée comme indicateur pour mesurer le débit de ventilation dans les locaux où des personnes sont présentes. La norme pour la qualité de l’air est de 900 ppm de CO2. Lorsque ce seuil est dépassé, des mesures doivent être prises pour améliorer la qualité de l’air. À partir d’une valeur de 1200 ppm, la qualité de l’air est vraiment considérée comme mauvaise. Bon à savoir : comme les masques retiennent les aérosols, mais pas le CO2, ils constituent un bon moyen de lutter contre la diffusion d’aérosols, même en cas de concentrations supérieures de CO2.

3. La ventilation des cabines

Il est important d’aérer régulièrement pour garantir une bonne qualité de l’air. Cela permet de rafraîchir l’air intérieur et d’évacuer les aérosols contenant potentiellement des virus.

Contrairement aux employés qui disposent d’un poste de travail fixe, les interprètes de conférence travaillent chaque jour dans un environnement différent. Il n’est donc pas possible de disposer de données suffisamment fiables (notamment concernant la ventilation) pour chaque lieu de travail. Il y a en outre de nombreux facteurs sur lesquels les interprètes n’ont aucune prise (la qualité de l’air intérieur ou de l’air de la pièce dans laquelle est installée la cabine mobile de l’interprète, le placement de la cabine, l’organisation des moments d’aération naturels/pauses, etc.).

4. Mesurer pour savoir

Mesurer le CO2 peut constituer une première étape pour mieux cerner la problématique. Mais utiliser un détecteur de CO2 n’influence nullement la qualité de l’air. Cela nécessite une intervention humaine ou mécanique : ouvrir les fenêtres/portes, prévoir un système de ventilation efficace, purifier l’air.

Durant la semaine précédant le congé de Noël, plusieurs collègues ont réalisé des tests de CO2 dans des cabines fixes et mobiles, porte fermée et avec chaque fois deux interprètes, qui portaient un masque pour leur sécurité. Dans tous les cas, le seuil de 900 ppm était déjà dépassé après seulement 2 à 3 minutes. L’utilisation de la ventilation prévue dans les cabines mobiles dernière génération n’avait qu’une influence très limitée. Il faut toutefois noter qu’il est recommandé de placer le détecteur de CO2 à au moins 1,50 m des personnes présentes, ce qui n’était pas faisable en raison de la petite taille des cabines d’interprétation.

Dès que le seuil de 900 ppm était atteint, la porte de la cabine était ouverte. La pièce dans laquelle étaient installées les cabines était en permanence bien ventilée (fenêtres ouvertes) et il n’y avait que quelques personnes présentes. Une fois la porte de la cabine ouverte, le taux de CO2 dans l’air baissait assez rapidement (après 10 à 15 minutes) pour revenir à un niveau acceptable (proche de la concentration dans l’air ambiant au début de la prise de mesures). Nous pouvons en déduire qu’il est en tout cas plus sûr d’interpréter en laissant la porte ouverte, si toutefois l’air environnant qui permet la ventilation de la cabine est de bonne qualité...

5. La purification de l’air en guise d’alternative

Ventiler avec l’air extérieur constitue la meilleure manière d’amener de l’air frais dans la cabine. Comme ce n’est pas toujours possible, nous avons également examiné la possibilité de purifier l’air dans la cabine.

Les pouvoirs publics ont publié une liste de quelque 300 systèmes de purification de l’air contrôlés et autorisés. La majorité de ces appareils ont été conçus pour de plus grands espaces et sont donc relativement lourds et encombrants ; ils sont en outre assez onéreux. La liste répertorie néanmoins aussi quelques appareils plus compacts. Pour pouvoir les utiliser en cabine d’interprétation, il faut également qu’ils soient assez silencieux, afin que leur bruit ne soit pas audible par les personnes qui écoutent l’interprétation et/ou ne distraie pas les interprètes.

Nous avons contacté une quinzaine de producteurs et vendeurs de systèmes de purification de l’air. Finalement, deux entreprises ont accepté de nous prêter un appareil pour nos tests : les modèles Radic8 Hextio et AirProtecting 50. Ces purificateurs d’air utilisent chacun leur propre technologie pour neutraliser les bactéries, les virus (y compris le coronavirus), les moisissures, etc. Ils se composent généralement d’une combinaison de filtres (charbon actif, HEPA ou filtre en tissu) et de rayons UVC, mais peuvent également utiliser l’ionisation et la photocatalyse.

Nous ne disposons bien sûr ni des connaissances scientifiques ni des appareils nécessaires pour mesurer effectivement la qualité de l’air, mais un collaborateur de la société Medtradex nous a montré, à l’aide d’un détecteur de particules fines, que les particules présentes dans l’air étaient évacuées au moyen du purificateur Radic8 Hextio. Au moment où le détecteur de CO2 a atteint le seuil de 900 ppm, le compteur de particules d’un diamètre jusqu’à 0,5 μm affichait 10 051. Après avoir fait fonctionner l’appareil durant 30 minutes, ce niveau a été ramené à 7 579, ce qui était inférieur à la mesure effectuée hors de la cabine au début du test. Il a été frappant de constater qu’à ce moment précis, le détecteur de CO2 avait dépassé les 2 000 ppm. En effet, les purificateurs d’air n’influencent pas le taux de CO2 : pour y parvenir, la ventilation reste l’unique solution.


Dans un second temps, nous avons testé le niveau sonore des deux appareils : d’abord dans une configuration de hub avec un microphone Blue Yeti, puis dans des cabines professionnelles avec des postes d’interprétation Bosch et Televic. Le Blue Yeti n’a pas retransmis le bruit de l’appareil Radic8 Hextio, mais les microphones des cabines d’interprétation étaient trop sensibles et retransmettaient le bruit du système de ventilation, surtout au niveau du poste d’interprétation Televic. Le bruit de l’appareil AirProtecting 50 (quelque 20 dB) n’était pas retransmis.


Nous pouvons conclure de ces tests que la purification de l’air dans les cabines d’interprétation peut certainement contribuer à un environnement de travail sain, car les purificateurs d’air neutralisent toutes sortes de microorganismes, dont le coronavirus. La ventilation reste néanmoins importante pour faire baisser le taux de CO2 : une concentration trop élevée de CO2 peut entraîner des maux de tête, de la fatigue et des problèmes de concentration. De nombreuses configurations ne permettent malheureusement pas de prévoir un apport direct d’air (extérieur) frais et la « ventilation » consiste bien souvent à faire entrer de « l’air sale » de la salle où se déroule l’événement et où se trouvent généralement de nombreuses personnes. Par ailleurs, interpréter en laissant la porte de la cabine ouverte n’est pas possible dans tous les cas. Les systèmes de purification d’air ne peuvent pas remplacer les autres mesures de précaution : il reste important de garder ses distances, porter un masque, se laver les mains et ventiler. La purification de l’air peut néanmoins contribuer utilement à un environnement de travail sain. Astuce : pensez à vérifier si l’appareil n’est pas trop bruyant.

Un grand merci à Olivier de Medtradex, à Peter de DCPTechnics, ainsi qu’aux équipes de Duvall et Eloquentia.

6. Envie d’en savoir plus ?