Traduction littéraire

Traduction littéraire

Par traduction littéraire, on entend celle de textes de fiction (romans, nouvelles, récits), de poésie, de théâtre, d’essais ou encore de sciences humaines (philosophie, psychologie, psychanalyse, sociologie, musicologie, histoire, anthropologie, sciences sociales, art en général, etc.). Les débouchés sont donc plus vastes qu'on pourrait le croire de prime abord. Il existe un réel marché et une demande de bons traducteurs, car les traductions de ce type sont encore trop souvent confiées par les éditeurs à des amateurs non soumis à un contrôle préalable des compétences en la matière. La traduction littéraire est un métier en soi qui requiert une formation ciblée et pointue, même si quelques excellents traducteurs professionnels ont pu et peuvent encore se former seuls et sur le tas.

Le contrat avec l’éditeur

Lorsque la traduction doit respecter des critères particuliers (p. ex. l'adaptation du style à un certain public, le respect d'un format d'édition, etc.), ces critères sont spécifiés dans le contrat. Ce contrat précisera également le délai d'acceptation finale de la traduction, qui court à compter de l'accusé de réception de la traduction (on recommande un délai de 2 mois). Toute modification apportée au texte d'une traduction acceptée devra être soumise au traducteur avant la mise en composition. Si, après publication, il apparaît que l'éditeur a procédé à des altérations graves, le traducteur est en droit de demander une indemnité.

Si l'auteur du texte original souhaite prendre connaissance de la traduction, une clause du contrat sera consacrée à ce point. L'éditeur sera juge d'un éventuel conflit entre le traducteur et l'auteur. Le traducteur, quand il signe son contrat de traduction avec l'éditeur, renonce à ses droits, c'est-à-dire qu'il renonce à toucher directement l'argent dû sur son travail. C'est l'éditeur qui se chargera de la diffusion, de la reproduction et de la rémunération du traducteur.

Cela comporte de gros avantages pour le traducteur: en effet, celui-ci sera préalablement payé, même si le livre ne se vend pas ou mal.

Lors de la remise de la traduction, l'éditeur en accuse réception par écrit. L'accusé de réception ne vaut pas acceptation de la traduction.

Les modalités de rémunération du traducteur littéraire

Le traducteur ne reçoit ni honoraires ni traitement de l'éditeur. Il reçoit des «à - valoir» calculés en fonction d’un prix au «feuillet» (page de 25 lignes sur 60 signes, payée actuellement, en moyenne, de 21 à 22 euros), qui viennent en amortissement des droits (de 1 à 2% dans le meilleur des cas) dégagés par le livre traduit.

Procédure recommandée et généralement en vigueur: le traducteur reçoit ses droits d'auteur en trois «à-valoir»: le premier (un tiers) à la signature du contrat; le deuxième (deuxième tiers) à la remise du manuscrit, le troisième (dernier tiers): à l’acceptation de la traduction, généralement deux mois après la remise.

Si l'ouvrage est un best-seller tiré à quelque 50.000 exemplaires, l'éditeur fixe un palier à partir duquel le traducteur recevra des droits en plus de ses à-valoir déjà perçus. Mais attention: le seuil dépend exclusivement du prix de vente de l’ouvrage et de l’à-valoir versé au traducteur. Un gros livre, ayant donc donné lieu à un à-valoir important, peut ne pas être «amorti» à moins de 100.000 exemplaires. Pour un roman de 200 pages, le seul (réel) se situe aux alentours de 20.000 exemplaires.

L'éditeur communique au traducteur les épreuves préalablement corrigées. Le traducteur les relit, les corrige, et l’éditeur donne alors son bon à tirer (BAT).

Les droits d’auteur et la TVA

La traduction littéraire est une activité artistique, parce que créative. Le traducteur perçoit des droits d'auteur qui ne peuvent être soumis ni à la TVA , ni entrer en ligne de compte pour le calcul des lois sociales, ni être considérés comme une rentrée illicite (pour les retraités par exemple). Toute personne retraitée a donc le droit de faire autant de traductions littéraires qu'elle le souhaite. Et dans la déclaration d'impôts, les droits d'auteur apparaîtront à une rubrique spéciale, et seront taxés à 33,3% (en France, pour la Belgique cf. ci-après).

Si le texte d’un traducteur belge est publié en France ou à l'étranger, il faudra demander au fisc belge un document d'exonération fiscale à envoyer en France, sinon le traducteur sera taxé à 33,3% en France (retenus à la source), en sus d’une possible taxation en Belgique. Ce document sera envoyé à l'éditeur français qui demandera aussi la preuve que la déclaration est bien faite au fisc belge.

Régime spécial pour la Belgique: depuis la loi entrée en vigueur le 16 juillet 2008, le régime fiscal belge se démarque du régime français de la manière suivante: pour une rémunération maximale en droits d’auteur de 15.000 euros par an, le montant sera taxé à 7,5%. Entre 15.000 et 30.000, la taxation se fera sur les 75% du montant (donc abattement) et au-delà la taxe s’élèvera à 15%. Les traducteurs littéraires belges ont donc tout intérêt à déclarer leurs droits d’auteurs en Belgique.

Plus d’infos: www.sacd.be (dossier fiscal 2014).

À noter que l’appellation «droits de traduction» a une seconde signification dans le métier: il peut aussi s’agir des droits à payer à l'éditeur de l'original pour pouvoir faire traduire: ces droits-ci n'ont rien à voir avec les «droits d'auteur pour une traduction». Attention: si l'on parle de «cession de droits exclusifs d'édition primaire, secondaire et dérivée», chaque mot est lourd de sens. «Édition dérivée» signifie tout nouvel ouvrage reprenant par exemple les mêmes personnages et réécrivant une suite au premier ouvrage, en fonction du succès. Avant la signature d'un contrat, il est souhaitable de bien se faire expliquer tout le contenu de celui-ci par un professionnel. Cela évite pas mal de déboires.

Derniers conseils

Le fait d'indiquer une date limite de publication (et de mentionner des pénalités en cas de retard!) peut vous éviter de voir une traduction dormir dans le tiroir de l'éditeur. En cas d'épuisement de l'ouvrage, l'éditeur doit procéder à sa réédition, sous peine de résiliation du contrat - de plein droit - par le traducteur. Le cas échéant, le traducteur reprend tous les droits sur son œuvre.

Il est déconseillé d'accepter les clauses prévoyant le paiement du solde après publication de l'ouvrage.

L'éditeur est tenu de présenter au traducteur un relevé de compte mentionnant les différents tirages du livre, son prix public hors taxes et le nombre d'exemplaires vendus, inutilisables ou détruits.

Le traducteur est considéré comme un auteur; son nom devrait figurer non seulement dans l'ouvrage ou sur la quatrième de couverture, mais aussi sur la couverture, ce qui n’est pas encore systématiquement le cas, bien que la pratique commence à se répandre à la suite des revendications associatives. Il peut également faire inscrire dans le contrat une clause stipulant que son nom figurera sur les documents de promotion et de publicité.

Formations spécialisées en traduction littéraire

À l'heure actuelle, l'ensemble des instituts universitaires et supérieurs de traduction propose une formation à la traduction littéraire, généralement sous la forme d'une initiation, mais parfois aussi dans le cadre d'un cursus plus poussé.

Plus d'informations à ce sujet sur leurs sites web respectifs.

Des formations spécialisées sont par ailleurs organisées par le Centre européen de traduction littéraire (CETL) dans les locaux de l’ISTI ou dans le cadre du Collège européen des traducteurs du Château de Seneffe (CTLS). Depuis quelques années, le CETL organise également des formations à distance pour la majorité des combinaisons linguistiques souhaitées.

CETL: www.traduction-litteraire.com
CTLS: www.ctls.be

Sur le territoire français, en dehors évidemment des très nombreuses formations universitaires d'excellence proposées au sein des Faculté des Lettres, l'association ATLAS propose également des formations et des activités autour de la traduction littéraire, notamment à travers ses célèbres Assises de la traduction littéraire à Arles et sa Fabrique des traducteurs. De façon générale, cette association entend promouvoir la littérature traduite comme activité créatrice et mettre en relation les spécialistes et les personnalités intéressées par la traduction littéraire.

Plus d'infos: www.atlas-citl.org

Lectures supplémentaires

Toutes les informations ci-dessus, et bien plus encore, se retrouvent dans le vadémécum du traducteur-interprète indépendant publié par la CBTI.

Un ouvrage sur les droits d'auteur en général, et notamment ceux du traducteur, a été publié chez Larcier par A. Berenboom: «Le nouveau droit d'auteur» (1997).

Pour le texte intégral de la loi du 30 juin 1994 sur le droit d'auteur et les droits voisins, consultez le site du ministère de la Justice.

Nous vous renvoyons aussi au «Guide de la traduction» que l’on peut consulter sur le site de l’Association des traducteurs littéraires de France (ATLF).

Pour plus d’informations sur les aspects fiscaux de la traduction littéraire, nous vous renvoyons au site www.sacd.be (dossier fiscal 2014).